Charlie Bauer, militant révolutionnaire d'extrême gauche, ancien compagnon de Jacques Mesrine, grand pourfendeur des quartiers de haute sécurité (QHS), est
mort dimanche soir à l'âge de 68 ans, à son domicile de Montargis (Loiret), a indiqué son éditeur, le Cherche Midi.
"Il est mort chez lui, terrassé par une crise cardiaque, les pompiers ont tenté de le réanimer sans succès pendant 45 minutes", a déclaré le cinéaste Fred
Nicolas, qui a signé en 2008 un documentaire sur cette personnalité hors norme.
Charlie Bauer, qui a passé 25 ans de sa vie en détention, dont 9 dans les QHS de la prison de la Santé à Paris où il a rencontré Mesrine, était l'auteur de
plusieurs ouvrages, notamment "Fracture d'une vie" (disponible chez Agone) et "Le redresseur de clous". Selon Fred Nicolas, il travaillait sur un projet de livre évoquant sa relation avec
Mesrine pour l'éditeur Gallimard.
Tout d'abord militant aux jeunesses communistes à Marseille, il se brouille avec le PCF lors de la guerre d'Algérie. Il déserte l'appel sous les drapeaux,
rejoint le FLN algérien, tente de gêner les actions de l'armée française. Condamné à plusieurs reprises pour des vols qu'il considèrait comme étant "politiques" selon le concept anarchiste de
réappropriation et distribution. Il deviendra un défenseur acharné des droits des prisonniers, contre les QHS, pour l'accès à la télévision dans les cellules.
En prison, il passera une licence de philosophie et une licence de sociologie. Selon M. Nicolas, il avait fait sienne la devise de Victor Hugo: "Ceux qui
vivent, ce sont ceux qui luttent". Marié, père d'un fille, il venait d'être grand-père. Il sera incinéré vendredi.